20 divisible par 1 et 2 et 4 et 5 et 10 et 20 (nombre composé) |
J’étais encore sur son pieu le lendemain quand mon téléphone sonne. Matt. Incroyable. Le puceau me dit qu’il tient un nouveau nombre premier. C’est qu’il se débrouille le petit singe. Je suis parti en claquant la porte et je m’habillais encore sur le chemin vers la voiture. Je passe chercher la fille que j’habille en hâte et du mieux que je peux. Je demande à Matt d’afficher le nombre premier qu’il vient de trouver (“153 chiffres, mon pote”) sur son écran et je place la fille devant. Elle le fixe à nouveau, puis déplace son regard dans le mien - laisse échapper un sanglot. Qu’est-ce qu’il y a princesse ? Je lui essuie une larme et on monte dans la voiture sous le regard sceptique du jeune. Je conduis et je lui demande pourquoi elle pleure. Elle me répond : “C’est beau...”. Ah ok, tu trouves les nombres beaux ? Héhé, tu vas t’éclater avec nous, petite. Je lui mets ses lunettes de soleil, et sur la route j’appelle mon interlocuteur pour prendre rendez-vous. Je demande à la fille son prénom. Pas de réponse. Ambiance. Je lui demande son nombre préféré. Elle me répond : “soixante-neuf”. Bon, alors bien entendu, vous imaginez, j’entends soixante-neuf, j’ai un petit sourire comme ça, alors je lui dis : “ah bon, et pourquoi donc”, et voilà qu’elle me déclare d’un ton égal : “Soixante-neuf par soixante-neuf font quatre sept six un. Soixante-neuf par soixante-neuf par soixante-neuf font trois deux huit cinq zéro neuf. Avec soixante-neuf, on peut obtenir tous les chiffres de 0 à 9. Et c’est le seul nombre qui permet cela. C’est beau.” Elle savait refroidir l’atmosphère. Je lui ai ordonné : “Bon, si on te demande ton nombre préféré, tu ne réponds pas soixante-neuf, ok ?” Elle opine. Et voilà que dans la même rue entre deux immeubles de briques de la dernière fois, qui on retrouve ? Le 4x4 des gros durs qui m’avaient tabassé, placé en travers, et les gros durs en question plantés devant. Je m’arrête devant eux à la cool, je sors, j’attends qu’ils me disent quel est le problème. “Putain mec, tu nous déçois, qu’ils disent façon le parrain, mais avec une envergure de poisson rouge. Je croyais qu’on avait signé un partenariat commercial.” Je leur réponds qu’il n’y a pas de problème et que moi et mon assistante, on faisait un petit tour. C’est là qu’ils repèrent la fille, et déjà ça les calme. Pas évident de tabasser une fille, ou de tabasser un mec sans raison et puis de se taper dans la main en disant qu’on fait un chouette job. “Donc, t’es en train de me dire que t’es pas en route pour aller fourguer un nombre ?” Et là je les braque d’un regard mortel, et je leur dis : “Je n’ai pas de clef, pas de disque dur, pas de papier, pas de nombre sur moi. Il y en a pas sur la fille, ni dans la voiture. Je comprends que vous doutiez, j’ai fait votre métier dans une ancienne vie. Alors, allez-y, fouillez nous et fouillez tout, mais allez-y mollo avec la fille.” C’était honnête - autant que puisse l’être une confrontation mafieuse - et ils m’ont fouillé attentivement. Ils ont fouillé la fille et la voir inanimée ainsi les a fait un peu flipper. Ensuite ils ont sorti un engin bizarre, on aurait dit un bâton ou un détecteur de métal qui faisait pas de bruit, et ils l’ont passé sur moi et sur la voiture. Et ils sont partis. Le “bâton”, m’expliqua Matt plus tard, était une simple bobine de fil de cuivre reliée à une batterie...un truc qui génére un champ magnétique comme un gros aimant et fout en l’air les stockages sur disque. Mon téléphone était fichu et même ma vieille caisse n’a pas pu redémarrer. Avec Rain girl on s’est tapé cinq cent mètres à deux à l’heure avant de pouvoir choper un taxi. Mais on était passés. |