6 divisible par 1 et 2 et 3 et 6 (nombre composé) |
J’avais une sorte de gueule de bois d’avoir trop réfléchi. J’étais en chemin pour aller livrer une clef usb pour un client dans la génétique quand Matthieu m’a appelé. Rapide le gamin, mais bon, c’est un matheux. On s’est retrouvé dans l’endroit le plus sinistre du monde, mais un endroit qui me plaisait bien, entre deux bâtiments de ciment lézardé d’une zone industrielle, une petite séparation de deux pas encombrée de gravats et qui sentait l’huile moteur. Il avait encore sa blouse et tenait une cigarette en tremblant, ses yeux étaient toujours fous mais cette fois-ci avec un reflet de fureur ; en me voyant, il sursaute, échappe son paquet et tout s’étale sur le sol. Il me dit avec une voix de fausset : “Je marche dans ta combine. Et je vais même te dire, je t’apporte un cadeau trois étoiles ; j’ai trouvé un moyen pas cher d’avoir notre station de recherche de nombres premiers. Mais deux choses : d’abord, on fait 50-50, parce que c’est comme ça que tu as présenté l’affaire. Et ensuite, si tu profères la moindre menace du style “je te casse les doigts” ou autre ou que tu fais mine de passer à l’acte, notre association est rompue et je retire toutes mes billes, et tu ne dis rien.” Je pris un air grave dans lequel j’avais tenté de mettre des accents de respect - sentiment ce que je ne ressentais pas du tout à son égard. En mon for intérieur, je me disais que je lui casserais les doigts ou autre chose si j’en avais l’envie, car j’en aurais l’envie si j’avais une bonne raison d’en avoir envie. J’étais lucide sur le fait qu’il était en ce moment en train de trahir son boss, et qu’il n’y avait pas de raison qu’il ne me trahisse pas moi demain. Mais donc j’ai joué le mec impressionné, j’ai penché la tête, et je lui ai serré la main. “Nous sommes donc associés.”, je lui ai répondu. Et voilà, j’étais désormais dans les affaires. |