16 divisible par 1 et 2 et 4 et 8 et 16 (nombre composé) |
J’ai appelé Matt au téléphone histoire de pas ajouter à la déception de s’être fait voler, l’horreur de voir son protecteur couvert de bleus et de sang. Il me dit qu’il faut porter plainte, je lui dis “oui oui j’y vais” - mais bien entendu je ne vais rien en faire : je suis un homme de résultats et de solutions. Je lui demande de relancer la machine sans lui parler de la menace de MegaPrimes. Je suis chez moi, allongé sur mon lit une place, et je regarde le plafond blanc, des heures durant, tournant dans ma tête toutes les possibilités, qui vont du fait de fuir loin d’ici en catimini à débarquer chez le boss de MegaPrimes arme au poing pour régler nos comptes. Après avoir observé les solutions raisonnables sous toutes les coutures, le problème principal revient, toujours le même : le transport du nombre depuis notre ordinateur jusqu’à celui du client. Mon métier initial, finalement, ce qui était assez ironique. Parce que s’ils me prennent dans ma caisse sans clef ou disque dur, je peux juste dire que je me baladais. Où stocker un nombre de 150 chiffres ? Sur un bout de papier planqué quelque part ? Et s’ils désossaient ma voiture ? S’ils la brûlaient ? Et s’ils me battaient à mort ? Pourrais-je leur dire droit dans les yeux “Allez vous faire foutre, je n’ai pas ce nombre avec moi” alors que je l’ai en fait sur moi ? Et si je mémorisais ce nombre ? Bien entendu, pas question de l’envoyer par mail, même en utilisant, et pour cause, des méthodes de cryptage. Je me voyais mal mémoriser ce nombre. Cinq jours plus tard, je n’avais pas remis les pieds chez Nombres Premiers SAS (j’avais pipeauté à Matt que je mettais en place une solution définitive, ce qui était à moitié vrai), et je regardais en rêvant mon Beretta, qui pourrait rendre les choses si simples. Au delà de cette vision, et des reliefs d’une pizza sur la table basse, ma minuscule télé passait Rain Man. Je me suis dit que ce serait bien pratique d’avoir Rain Man pour mémoriser mes chiffres. Et puis je me suis dit que c’était ce que j’allais faire. |