Nombres Premiers SAS


32 divisible par 1 et 2 et 4 et 8 et 16 et 32 (nombre composé)


Hormis la question de la faille à 10479, la nuit a été fort productive, puisque, rassurée, la petite m’a sorti 2 premiers lumineux, l’un à 302 chiffres et l’autre à 304 chiffres et on s’est même fait une petite grasse mat’ comme j’en avais peu connues.

Pour la première fois depuis plus d’un mois, j’ai passé une nuit sans avoir à la bercer en la rassurant pendant ses cauchemars.

J’ai appelé mon acheteur, encore en caleçon, face à la fenêtre, un mug de café à la main, pendant que l’autiste en pyjama alignait mes petites cuillères sur la table. Evidemment, il était profondément agité et transgressant avec son flegme habituel il m’a demandé et redemandé si j’étais sérieux.

Deux heures plus tard j’étais chez eux. Petite surprise, le débonnaire professeur était accompagné d’un anglais. Je dis “anglais”, mais je n’en savais rien. En tout cas il avait cette face rougeaude, cette moustache cliché - au sens daguerreotype - et ce roux des terres du nord qui faisaient que pour moi il était anglais à enculer des moutons à longueur de journée.

Par contre, il était pas du tout débonnaire, lui ; crispé et tendu, on aurait dit que le rouge de sa face venait de la cocotte minute qui tournait dans sa tête. Où était parti le flegme anglais ? Drame de la mondialisation, je présume.

Je retape sur leur machine les chiffres à moitiés effacés, écrits par la fille, de nuit (écrivant de droite à gauche, son poignet s’appuyait sur l’encre).

Quand j’en ai terminé, le professeur retourne l’ordinateur vers lui alors que l’anglais me fixe comme s’il me prenait pour son mouton.

“Si vous le permettez, nous allons vérifier vos chiffres immédiatement. Si vous voulez attendre cinq minutes...”

Je ne suis pas matheux, mais j’avais une petite idée de la puissance nécessaire pour vérifier la nature premier de ce type de nombre - alors deux, n’en parlons pas, et je le fais remarquer. Le professeur tapote sans me répondre, puis écarte son ordinateur, croise les doigts sur la table et déclare :

“Vous êtes au ministère de la Défense. Comme vous le savez, depuis quelques années nous ne pratiquons plus de tests nucléaires, nous les simulons avec des ordinateurs avec une performance de calcul quasi unique dans l’histoire de l’informatique. Je vous avoue que néanmoins, cela ne suffit pas, nous avons également sollicité deux clusters d’université, le centre de calcul du Large Hadron Collider et le superordinateur des services Météo. Au moment où nous parlons, 27 500 personnes sont en pause café pour que nous puissions vérifier vos nombres, Monsieur. J’espère que vous comprenez à quel point vous êtes...respecté.”

Et là, j’ai eu l’intuition que j’avais fait une connerie.